Pêcher le succès à la Ferme Claude Thouin et fils
C’est avec patience et rigueur qu’Anthony et Claude assurent le succès de leur troupeau de bovins à Saint-Norbert, dans Lanaudière.
Auteurs de contenu
À la Ferme Claude Thouin et fils, on ne raconte pas d’histoires de pêcheurs. La patience et la rigueur quotidiennes assurent le succès d’Anthony et de Claude Thouin, le fils et son père, que ce soit sur le lac ou encore avec leur troupeau de bovins traités aux petits soins.
Pêcheurs aguerris, les deux hommes partagent leur temps entre les étendues d’eau et leur ferme. Dans leurs albums photos se côtoient bovins de boucherie et doré de 50 cm (20 po). Une belle prise!
Stoïques, les deux hommes se retroussent les manches quand une tâche est à faire et sont rigoureux et constants dans leurs efforts pour minimiser les coûts et veiller au bien-être de leurs animaux.
La ferme membre de Novago Coopérative, située à Saint-Norbert dans Lanaudière, produit du bœuf et du poulet, possède 29,5 ha (73 acres) cultivables et en loue 92,25 (228). Dix-sept hectares (44 acres) sont dédiés au pâturage, 90 (223) au foin et 13,75 (34) en blé d’automne. Cette dernière culture est une première à la ferme en 2025 où l’on souhaite utiliser la paille pour la litière des bœufs. Les rotations incluent parfois du maïs ou du soya. En 2024, 130 balles de paille de soya ont été récoltées.
« À dix dollars la balle, ça valait la peine, affirme Claude, toujours à l’affût de solutions pour réduire les coûts. On a un hache-paille. On prend une balle et trois seaux de ripe par jour tout l’hiver. On paille l’étable tous les soirs. Certains me suggèrent de remplacer la paille aux trois ou quatre jours, mais je préfère en rajouter un petit peu plus. »
Deux sites d’élevage
Les veaux, nés en septembre, sont jeunes durant l’hiver et exigent des soins minutieux. « Il faut les garder propres. On a beaucoup d’animaux au pied carré, on ne peut donc pas passer deux jours sans pailler l’étable », ajoute Anthony, en précisant qu’ils avaient 10 m2 (108 pi2) par vache pour un total de 76 couples de vache-veau, à l’hiver 2024, et seulement 40 espaces à la mangeoire longitudinale.
Pour agrandir l’aire d’exercice, un parc extérieur adjacent à l’étable est accessible aux vaches. Un projet subventionné avec Prime-Vert devrait permettre l’ajout d’une dalle bétonnée de 13,7 x 30,5 m (45 x 100 pi) pour rendre le parc accessible au printemps et à l’automne. Une nouvelle mangeoire longitudinale extérieure sera également ajoutée.
Les animaux sont séparés sur deux sites : la résidence principale accueille la plus grande étable et le second site est celui des « relèves »!
C’est sur ce dernier qu’on trouve la maison d’Anthony et l’étable froide, la plus récente construction de la ferme, qui accueille 10 à 15 taures par année.
Soigner au champ pour plus de rendement
Pour tirer leur épingle du jeu, Anthony et Claude font beaucoup avec peu. « On est hyper productifs en peu d’espace, souligne la relève de la ferme. On a 16 ha (40 acres) de pâturage. C’est à peine un demi-acre par vache. Alors on soigne les animaux au champ. On fait une boîte d’ensilage tous les jours pour les vaches à la fin de l’été, pour s’assurer qu’elles ont toujours quelque chose à manger. » À la ferme, les veaux gagnent du poids rapidement, soit en moyenne 45 kg (100 lb) par mois. Il faut donc sept mois aux veaux de Claude et d’Anthony pour atteindre 315 kg (700 lb).
« On est un peu maniaques. Chaque fois qu’on a un vêlage au champ, on va chercher le veau et on l’amène à l’étable », une stratégie qui les aide à s’assurer que le nouveau-né va bien, suppose Claude.
Avec un prix de vente moyen de 3350 $ par veau pour la première moitié de l’année 2025, on était également loin du 1400 $ de 2021. « Au prix que valent les veaux, on ne veut pas en perdre un », conclut-il.
Une génétique prolifique et bien sélectionnée
Le taux de mortalité de la ferme est d’ailleurs en dessous de 8 % alors même que le taux par vêlage est supérieur aux attentes, car les jumeaux sont étonnamment nombreux à la Ferme Claude Thouin et fils. Sur 76 vêlages en 2024 et malgré quelques décès, la ferme a obtenu un total de 76 veaux.
« Et ils sélectionnent bien leurs taureaux, ajoute Alycia Boucher, agronome et experte-conseil en production bovine Optiboeuf de la ferme. Cela a un impact rapide sur le troupeau puisque le taureau va apporter 50 % de son bagage génétique à chaque veau qui naîtra durant l’année, là où une vache donnera 50 % de sa génétique à un seul animal par année. »
Les propriétaires veillent notamment à choisir un reproducteur qui produit de petits veaux pour assurer des naissances sécuritaires.
Rigueur, soins et alimentation du troupeau
Bien sûr, les soins constants, la rigueur quotidienne et l’attention aux détails viennent boucler la boucle.
« J’ai toujours dit que pour faire des veaux, il faut combiner propreté, alimentation, génétique, confort et santé. L’alimentation, c’est important. Certaines personnes pensent qu’une vache à bœuf, ça mange n’importe quoi, qu’on peut lui donner des pousses d’arbre et qu’elle va faire de beaux veaux, mais non. Chaque stade de vie requiert des besoins précis qui seront comblés par une alimentation bien contrôlée. Lorsque les vêlages se font dans un milieu plus fermé, entre des murs, et que les vaches sont en étable, tout le temps sales ou dans la boue, elles vont avoir des problèmes et des maladies. Le rendement diminue. » La capacité de gain de poids d’un veau est grandement influencée par sa santé immunitaire dès la naissance, mais aussi par la propreté de l’animal tout au long de sa croissance, ajoute Alycia.
Conclusion : il faut traiter les bœufs aux petits oignons pour qu’ils nous le rendent bien.
Lisez également « Construire des étables, une ferme et son avenir » qui en dit plus sur les talents de « patenteux » persévérant de Claude.
Vaches 1, voiture 0Anthony s’est joint à la ferme en 2020, après avoir passé deux ans à travailler dans un abattoir. « Quand je travaillais à l’abattoir, je m’étais acheté une petite voiture sport, mais je ne la prenais plus. Je l’ai vendue et j’ai acheté des vaches! » Elles sont maintenant au nombre de 13 en 2025. |
|---|
Cet article est paru dans le Coopérateur d'octobre 2025.