Construire des étables, une ferme et son avenir
La Ferme Claude Thouin et fils s'est bâtie une planche à la fois, entre épuisement, persévérance et ingéniosité.
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Patenteux et ingénieux, Claude Thouin monte les murs, soude les morceaux et répare ses tracteurs plus souvent qu’autrement, au plaisir de son portefeuille. C’est lui qui a bâti la première étable de la Ferme Claude Thouin et fils, membre de Novago Coopérative, vers 2001, après avoir fait l’acquisition de la terre et des poulaillers en 1996. Au début, 15 vaches ont servi à démarrer le troupeau.
Quand il s’est lancé en agriculture, l’homme travaillait aussi dans un abattoir. À temps plein aux deux emplois, il dormait à peine. Après cinq ans à ce rythme, il s’écroule.
« Je travaillais dans une usine d’abattage d’Olymel, chez Flamingo, raconte Claude. Je faisais les deux places, de 16 h 20 à 0 h 20 à l’usine, puis de jour ici à la ferme. Je dormais de 3 h à 7 h. J’ai fait ça cinq ans. Je suis tombé malade et j’ai perdu mon père en 1999. J’ai eu un choc post-traumatique et ma glande thyroïde a arrêté de fonctionner. Il fallait que je lâche une des jobs. »
La ferme l’emporte sur l’abattoir, d’autant plus que c’est aussi durant cette même période que Claude décide d’ajouter des vaches à son entreprise.
Pourquoi avoir occupé deux emplois aussi longtemps? « Parce que je n’ai jamais été riche dans ma vie, répond-il. Et je me suis dit que j’allais avoir de quoi. Tu ne peux rien avoir si tu ne travailles pas dans la vie. »
Améliorer la ferme, une pièce à la fois
Cette persévérance pour améliorer la ferme se retrouve partout dans les bâtiments, les poulaillers, les étables et même les machines.
« Au début, je faisais des jobines, raconte Claude. Des fois, on me payait avec des pièces d’équipement que je mettais dans les poulaillers. J’ai eu tous mes contrôles de poulaillers grâce à ça. »
L’étable est faite de morceaux d’une ancienne brasserie que Claude a lui-même démontée à Sainte-Béatrix, dans Lanaudière. « J’ai démonté toutes les planches une à une, explique le bâtisseur. J’ai amené ça ici. Puis, je suis allé bûcher du bois. J’ai bûché dans la neige jusqu’aux genoux, j’ai sorti des billots, puis j’ai fait scier mon bois et j’ai bâti une étable avec ça. »
L’« ingénieur », comme le surnomme avec humour Anthony, son fils, fait de tout. Quand le tracteur est cassé, il s’en occupe.
« Je suis très motivé à trouver les problèmes et je suis persévérant, ajoute Claude. Moteur et transmission, je ne touche pas à ça. Mais les problèmes électriques et électroniques, je suis pas mal. L’autre fois, j’ai réparé le relevage hydraulique sur le gros tracteur. Ça m’a pris 20 minutes. » Ces 20 minutes bien investies lui auront permis d’éviter un appel coûteux pour faire venir un mécanicien à domicile.
Cet article est paru dans le Coopérateur d'octobre 2025.