Coopérons pour l’environnement
Que fait le réseau coopératif pour les producteurs, le sol et l’environnement? Entretien avec Myra Tremblay de Novago Coopérative.

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Avec son été en dent de scie marqué entre autres par une série d’orages violents qui inondent les champs, l’Année internationale des coopératives nous amène à réfléchir à notre stratégie pour une agriculture durable. Que fait-on dans le réseau coopératif pour aller plus loin pour les producteurs, le sol et l’environnement? On en discute avec Myra Tremblay de Novago Coopérative.
Se mesurer pour progresser
« Avant de transformer quelque chose, il faut se mesurer et avoir un point de départ », affirme Myra Tremblay, conseillère en responsabilité d’entreprise chez Novago Coopérative, qui évoque cet impératif autant pour les coopératives que pour les fermes elles-mêmes.
Novago a entamé sa démarche de responsabilité d’entreprise en 2022. Le rapport publié en 2024 rapportait quant à lui les premiers résultats issus des indicateurs de performance retenus, un élément révélateur et motivant, aux dires de la conseillère. « C’était un excellent exercice qui a suscité beaucoup de fierté. Les gens à la coop ont vu qu’on a réalisé plusieurs choses, malgré le peu de ressources dont on disposait. »
L’une des premières actions mises en place a été la gestion des matières résiduelles. « C’est ce que je recommande à toutes les coops de faire en premier, explique Myra Tremblay, parce que c’est très concret. On a fait ce qu’on appelle une “caractérisation des matières résiduelles” en 2023. C’est un terme élégant pour dire qu’on a collecté nos poubelles pendant une semaine, puis on les a classées et analysées. On a vu que tout n’allait pas au bon endroit. Les matières résiduelles ont un impact environnemental, mais leur gestion a aussi des coûts très élevés. » En mesurant mieux ce que la coopérative fait, il a été possible de prendre des actions bénéfiques pour l’environnement et la rentabilité de l’organisation.
Vers un diagnostic de durabilité à la ferme
Se mesurer pour transformer ses pratiques est aussi un enjeu à la ferme. Souhaitez-vous soumettre des projets pour obtenir des subventions? Dans les prochaines années, de plus en plus de programmes exigeront un bilan carbone, voire un diagnostic de durabilité, assorti d’actions concrètes faites par les producteurs, soupçonne la conseillère.
À l’heure actuelle, on retrouve peu de bilans carbone dans les fermes du Québec. Et les bilans carbone, c’est un élément parmi une trentaine d’indicateurs de performance environnementale, financière et sociale participant à la création d’un diagnostic complet de durabilité.
Entre coopératives, on se soutient. Avec sa démarche commune en agriculture durable, le réseau coopératif travaille à la création d’un diagnostic complet qui n’ajouterait pas une couche administrative de plus à la talle déjà bien épaisse des agriculteurs.
Nutrinor, à travers son Pacte agricole durable, offre déjà cette analyse et partage d’ailleurs son expertise. « Nutrinor, c’est une coopérative avec de très grands collaborateurs. Ils nous ont ouvert leurs livres », souligne Myra, qui ajoute également que selon les experts-conseils de la coopérative, l’un des plus gros enjeux pour le diagnostic est le temps nécessaire pour le compléter.
De son côté, la Ferme de recherche de Sollio Agriculture planche aussi sur les pratiques agricoles durables, dont la gestion 4B (la bonne dose, du bon produit, au bon endroit, au bon moment), tout en évaluant les intrants qui combineraient productivité et santé des sols.
Le modèle coopératif pour une approche plus durable
Et la coopération dans tout ça? Enracinées dans des valeurs de responsabilité, de démocratie, d’équité et de solidarité, les coopératives prônent une gouvernance éthique et durable. La responsabilité sociale étant au cœur de leur mission, cela donne lieu à des initiatives collectives portées par les membres.
« Pensons à la mutualisation de la machinerie agricole que permet la CUMA ou à l’accès mutualisé aux intrants agricoles qui constitue le cœur des activités de plusieurs coopératives agricoles. Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Elles cherchent à répondre aux besoins actuels en mettant l’accent sur la réduction de l’empreinte écologique et la gestion responsable des ressources humaines et naturelles », mentionne Andréa Renaud, directrice des affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif.
« En coop, les personnes veulent souvent travailler autrement, penser selon un autre système économique. Elles partagent des valeurs d’entraide, donc cela va souvent de pair avec une conscience environnementale », expliquait Mathilde Linossier, conseillère en communication et en marketing à Réseau COOP dans un article paru dans Unpointcinq.
Agriculture durable et coopération font donc bon ménage. Mais comment allier efficacement théorie et pratique? « Bien que les coopératives aient une longueur d’avance grâce à leur mission ancrée dans les besoins des communautés, il s’avère nécessaire de mettre en place une démarche structurée et pérenne en fixant des indicateurs sur lesquels les impacts sont mesurables à court, à moyen et à long termes », renchérit Andréa.
« Avec la coopération, on pense au bien-être financier, bien sûr, mais aussi au bien-être des membres sous toutes ses facettes, souligne Myra. Cela amène énormément de résilience et de force à nos sociétés. On crée la rentabilité d’une façon qui génère de la valeur collective. » Au service des membres et de la planète, souhaitons-le.
Cet article est initialement paru dans le magazine Coopérateur de septembre 2025.