Défis et opportunités des changements climatiques en agriculture
Dans cette chronique, Pascal Thériault vulgarise la différence entre la météo et le climat.

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« Je viens de me réveiller pour constater qu’il fait 12 °C en plein mois de juillet… C’est ça le réchauffement climatique? » Si vous avez déjà entendu cette phrase, vous n’êtes pas seul. Mais attention : ce n’est pas parce qu’il fait frisquet ce matin que le climat ne change pas. En agriculture, comme dans plusieurs autres secteurs, bien comprendre la différence entre météo et climat sera essentiel pour la pérennité de nos entreprises.
La météo, c’est le temps qu’il fait ici et maintenant. Elle vous dit s’il faut sortir le tracteur ou reporter les semis. Le climat, lui, c’est la moyenne des conditions météo sur des décennies. Il vous aide à choisir les cultures de demain, à planifier vos investissements et à anticiper les risques.
La météo, c’est votre humeur du jour. Le climat, c’est votre tempérament sur 30 ans.
Et côté tempérament, le climat québécois devient, disons… un peu plus imprévisible. Selon Ouranos, le consortium québécois de recherche sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, la température annuelle moyenne au Québec a augmenté de un à trois degrés Celsius depuis 1950 et cette hausse pourrait grimper à plus de six degrés d’ici 2080, selon les scénarios . Cette hausse s’accompagne tant de stress climatiques que de chocs climatiques avec des impacts tels que :
- Des événements extrêmes plus fréquents comme les sécheresses, les pluies intenses, les gels tardifs et les canicules;
- Une saison de croissance plus longue, mais aussi plus instable;
- Une augmentation du nombre d’insectes nuisibles et de maladies fongiques liée au climat.
Et un résultat qui est le même : des pertes de rendement, des sols fragilisés et des défis pour la gestion de l’eau.
Que faire alors?
Si on ne peut contrôler la météo, c’est encore plus vrai pour le climat. Nous devons apprendre à travailler avec ces nouvelles réalités, c’est pourquoi le milieu s’est mobilisé dans des initiatives telles qu’Agriclimat.
Un ancien collègue agronome m’a déjà dit : « Oui, oui, l’économie et la finance, c’est important, mais tout commence dans le sol! » Un sol en santé, riche en matière organique, retient mieux l’eau et résiste aux stress climatiques. Le Plan d’agriculture durable du Québec vise que 85 % des sols agricoles atteignent un taux de matière organique supérieur à 4 % d’ici 2030 — un bon objectif à viser!
Mais gérer la santé du sol, ce n’est pas tout. Il faut aussi gérer l’eau, car, même si les précipitations moyennes sont en augmentation, leurs fréquences changent et deviennent de plus en plus irrégulières. Cela risque aussi de nous forcer à diversifier nos cultures pour répartir le risque. Moins de rendement pour une plus grande résistance au climat peut être une solution gagnante.
Quand nous formons nos futurs gestionnaires, l’analyse de type FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces/Défis, ou SWOT en anglais) est souvent au cœur de la prise de décision. Une partie importante de l’apprentissage est de leur faire comprendre les phénomènes internes (forces et faiblesses) et externes (opportunités et menaces ou défis) et de les aider à les différencier. Dans le cas des opportunités et des menaces, le but est de prendre nos faiblesses en considération et de miser sur nos forces pour savoir comment travailler avec, sachant qu’elles sont hors de notre contrôle, à l’instar des changements climatiques.
Bref, en agriculture, il faut travailler avec la météo, mais planifier avec le climat. Et même si dame Nature nous réserve parfois des surprises, une ferme bien préparée, c’est une ferme plus résiliente! L’Institut climatique du Canada mentionne d’ailleurs que chaque dollar investi en adaptation aujourd’hui rapportera de 13 à 15 $ en bénéfices directs et indirects dans le futur . Ce que nous percevons comme une dépense est donc en fait un investissement qui sera payant.
Les propos exprimés dans cette chronique n’engagent que son auteur.
Cet article est paru dans le Coopérateur de septembre 2025.
1 Gouvernement du Canada, Rapport sur les perspectives régionales - Québec, https://changingclimate.ca/site/assets/uploads/sites/4/2020/11/QC_CHAPITRE_FR_v7.pdf
2 MAPAQ, Améliorer la santé et la conservation des sols, https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/agriculture-pecheries-alimentation/politique-bioalimentaire/agriculture-durable/FI_agriculturedurable_indicateur_matiereorganique_MAPAQ.pdf
3 L’Institut climatique du Canada, « Limiter les dégâts », https://institutclimatique.ca/reports/limiter-les-degats/