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Ferme Clovis Gauthier et Fils : Retour vers le futur avec les poules Babcock

Stéphane Gauthier revient d’un voyage dans le passé, à la recherche de la poule du futur. Populaire quand la trilogie de films Retour vers le futur cartonnait, voilà que la race Babcock effectue un retour, elle qui n’a rien à voir avec la poule des années 1980 – n’en déplaise à Emmett « Doc » Brown ou Marty McFly!

Avec son poulailler ultramoderne de 2018, en plus de ses bâtisses de 1953 et de 1961 (qui n’ont pas leur pareil quant à la beauté de leur toiture ronde), la famille Gauthier dispose d’un beau terrain de jeu à Saint-Théodore-d’Acton. Mieux, cette ferme peuplée d’innovateurs répartis sur trois générations revêt des allures de station de recherche, dans laquelle il est commode d’expérimenter. L’exemple le plus récent : la Babcock, « nouvelle vieille » race de poule blanche qui faisait sensation dans les années 1980 et 1990.

Et quel labo! Six troupeaux et six lots par année, trois races (Hy-Line états-unienne, Babcock du géant néerlandais Hendrix Genetics et une autre race blanche), des œufs blancs et bruns, une fabrication de moulées à la ferme et une mise en marché hybride alliant, dans une proportion pratiquement égale, la vente en gros à Burnbrae et le classement et la vente d’œufs à la ferme depuis 1917 (code QC5C), une rareté.

Dans les années 1980, la Ferme Clovis Gauthier et Fils avait tenté deux lots de génétique Babcock. « C’était une race qu’on pouvait “échapper” facilement vers la 35e semaine si on continuait de l’alimenter avec le même taux de protéine, explique Stéphane Gauthier. Cela se traduisait par beaucoup trop d’œufs extragros ou jumbos de plus de 70 g, aux coquilles minces – des strates moins payantes, quand le marché valorise les gros œufs de 56 à 63 g. » La chose était d’autant plus vraie pour les producteurs qui ne classent pas les œufs à la ferme et dont la production est ramassée et classée seulement une fois par semaine.

Mais voilà, 40 ans plus tard, Stéphane estime que la soupe génétique a été suffisamment remuée pour que la Babcock d’antan n’ait plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Si bien qu’il a demandé à René Bergeron, expert-conseil en génétique de Sollio Agriculture, de lui allouer quelques milliers de Babcock blanches (il existe aussi une lignée brune) pour les essayer.

Ainsi, il a pu constater par lui-même les avancées de ce volatile, dont le nom tire son origine de Monroe Babcock, sélectionneur et couvoirier de l’ouest de l’État de New York. 

Deux lots de Babcock

Dans la documentation issue de données d’élevage internationales, on parle, pour une ponte étendue (18e à 100e semaine), d’une viabilité de 94 %, d’un taux de ponte de 96 % au pic de production, d’un poids d’œuf moyen de 63,4 g et d’une poule de 1752 g. « Sur le terrain, les performances sont encore meilleures, observe le technologue Alain Guillemette, expert-conseil en production avicole de Sollio & Vivaco Agriculture coopérative. Pour le lot précédent, nous avons obtenu, durant 12 semaines, une ponte de 97-98 %. Puis, à la semaine 26, le classement d’œufs nous permettait déjà d’abaisser la protéine de la moulée. La réponse de la Babcock est instantanée, un avantage qui la distingue de ses compétitrices. » En résumé : persistance de ponte, grande quantité d’œufs vendables, santé robuste et excellente adaptabilité à différents systèmes d’élevage et à différents stress climatiques, notamment la canicule.

Après deux lots et demi, les Gauthier sont satisfaits de la Babcock. « Mais ce n’est pas la championne en conversion alimentaire », observe Stéphane. Alexandre Lebel, agronome en nutrition animale, a d’ailleurs dû intervenir, car sur cet aspect la Babcock se comporte différemment des autres races. La moyenne de 105-110 g d’aliment par jour de la Babcock de Saint-Théodore-d’Acton s’accorde avec les moyennes observées de par le monde par Hendrix Genetics, soit 112 g. Rappelons que la ferme alimente ses poussins, poulettes et poules au moyen de 30 recettes différentes, extrayant même l’huile de son soya pour produire du tourteau et vendre le gras.

La viabilité de la Babcock impressionne Stéphane : « C’est une poule qui ne meurt pas! » Pour ses deux lots en pondoir conventionnel, la mortalité observée était moins de la moitié de celle d’une autre race. Un impact immédiat sur les revenus. 

En outre, la taille d’œuf de la Babcock est facile à réguler. Cette poule pond même plus rapidement des œufs de gros calibre – ce qui est, étonnamment, le reproche que Stéphane lui faisait 35 ans plus tôt! Avec la « nouvelle » Babcock, il peut, en faisant jouer le taux de protéine, ralentir les ardeurs de ponte, ce qui permet d’aller chercher des marges supplémentaires sans affecter la qualité de la coquille. 

D’ailleurs (truc du métier), les Gauthier retardent la stimulation lumineuse de cinq à sept jours par rapport aux recommandations, ce qui laisse les poulettes prendre 80 à 100 g de plus. Résultat : 50 % moins d’œufs légers des calibres très petit (peewee) et petit.

Nom de Zeus!

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Photo d'Étienne Gosselin : Stéphane Gauthier, de la Ferme Clovis Gauthier et Fils

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.