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Les Perspectives : dynamiques québécoises et canadiennes

Photo : Richard Davies, vice-président principal ventes et marketing Olymel; Roger Massicotte, producteur laitier, président d’Agropur; Maurice Doyon, M. Sc., Ph. D., professeur-chercheur, titulaire de la Chaire de recherche économique sur l'industrie des oeufs, Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation, Université Laval. 

Pandémie oblige, les Perspectives agroalimentaires se sont déroulées cette année en mode virtuel. L’organisateur de l’événement, le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), a opté pour une présentation en trois webinaires d’une heure et demie. Toujours aussi pertinentes et collées sur les réalités du monde agricole, l'événement les Perspectives, pour ce deuxième webinaire automnal, tenu le 6 octobre, ont donné la parole à trois intervenants clés du secteur agricole et agroalimentaire : Richard Davies, Roger Massicotte et Maurice Doyon.

Animé par Vincent Cloutier, conseiller principal, Agriculture et agroalimentaire, à la Banque Nationale, le webinaire "Dynamiques québécoises et canadiennes" a tablé sur quatre thèmes : la chaîne logistique, le consommateur, les marchés extérieurs, la protéine.

D’entrée de jeu, Maurice Doyon, professeur-chercheur à l’Université Laval, a souligné que les consommateurs ont réalisé, en période de pandémie, que la chaîne logistique alimentaire a fait preuve d’une grande résilience. Son modèle d’affaires, qui s’appuie sur une importante main-d’œuvre devra, la démographie étant ce qu’elle est, inclure dans son équation la mécanisation, des incitatifs à la rémunération et le recours à des travailleurs étrangers. C’est aussi l’avis de Richard Davies et de Roger Massicotte qui ajoutent tous deux que les défis de santé et de sécurité seront toujours de toute première importance. « Les consommateurs ont aussi pris conscience de la nécessité d’être en mesure de se nourrir avec des produits d’ici, à un prix décent, ajoute Roger Massicotte, le président d’Agropur. À l’échelle de la ferme, la COVID-19 est venue dire aux consommateurs et aux gouvernements que l’agriculture avait un rôle essentiel, celui de nourrir la population. »

Richard Davies, vice-président principal ventes et marketing chez Olymel, a beaucoup appris de cette crise. L’entreprise est agile et le sera encore plus, dit-il. Pour assurer l’approvisionnement de ses marchés et aider les producteurs de porc et de volaille à désengorger leurs exploitations, l’abatteur a rationalisé son offre et ses activités à valeur ajoutée afin de favoriser un plus fort débit d’abattage.

Mais le consommateur changera-t-il durablement, post COVID-19? « Je crois à tout le moins qu’il consacrera un pourcentage plus élevé de son revenu à son alimentation et qu’il réalisera encore plus son caractère essentiel », estime Maurice Doyon. « Ses habitudes de vie vont changer », ajoute Richard Davies. « Empreinte environnementale réduite, bien-être animal, achat local, il en demandera de plus en plus », souligne Roger Massicotte, qui indique  du même souffle qu'Agropur répond à ses préoccupations.  

Les marchés extérieurs continueront d’être d’importants débouchés pour l’agroalimentaire québécois et canadien. Les dépenses de consommation comptent pour 56 % du PIB au pays, informe Maurice Doyon. Le reste, c’est l’exportation. Notre balance commerciale agroalimentaire est positive. »

« La croissance ne peut se faire que sur le marché domestique, il faut exporter », indique Richard Davies, tout en soulignant que la peste porcine africaine (PPA) aurait un effet dévastateur sur l’industrie si elle s’introduisait au Canada. On s’y prépare, dit-il. L’Allemagne, aux prises avec une éclosion de PPA, est en pleine restructuration. La Chine, on le sait, y a goûté durement. Sans compter les tensions qui perdurent avec les États-Unis.

« La Chine était notre plus gros acheteur de lactosérum produit dans nos usines américaines, note Roger Massicotte. Elle l’utilisait dans l’alimentation des porcs. Comme son cheptel a lourdement décliné en raison de la PPA, les achats de lactosérum ont aussi chuté. L’agroalimentaire est un cycle de vie sans fin, il faut le faire comprendre au consommateur. »

Le président d’Agropur s'est questionné à savoir si les négociations de l’ACEUM se seraient soldées par le même résultat dans un contexte post COVID-19. Les consommateurs et les gouvernements ont réalisé toute l’importance de l’achat local et de l’autonomie alimentaire, ce que l'industrie laitière canadienne permet d’offrir à la population.

Même si la demande mondiale pour la protéine animale est en hausse, la substitution de cette dernière dans l’assiette des consommateurs est un autre enjeu que ne peuvent ignorer les entreprises. Et elles s’y préparent. La croissance des produits de remplacement est en hausse notable. En outre, un sondage a récemment révélé que 35 % des Canadiens disent manger peu ou pas de viande, a fait remarquer l'animateur Vincent Cloutier. « Même si on n’éliminera pas la protéine animale, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir du consommateur », croit Maurice Doyon.

Richard Davies met les choses en perspectives. « Chaque année, dans le monde, les humains consomment 500 millions de tonnes de poissons, de fruits de mer et de viande, contre 1 million de tonnes de produits végétaux. Cette demande, même minime, il faut y porter attention. Déjà, ici, la consommation de poulet commence à plafonner. »

« Produire du lait, c’est d’abord produire des végétaux, ajoute Roger Massicotte. À la limite, si le consommateur en venait à ne demander que du lait d’avoine, je deviendrai, s’il le faut, un producteur d’avoine. Cela dit, la qualité et les bienfaits de la protéine du lactosérum sont uniques. Il y a encore beaucoup d’éducation à faire. »

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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